Les joies du courant
porteur en ligne (CPL)
Vous vivez au bord d'une route très fréquentée ? C'est le lot non de tout le monde, mais de beaucoup de personnes. Cependant, avec le temps, ce roulement pas vraiment continu et uniforme, mais suffisamment tout de même, vous ne l'entendez plus vraiment. Votre cerveau l'intègre à son environnement, même si, comme en été, vous avez ouvert la fenêtre.
En revanche, soudain s'ajoutent à ce bruit devenu presque « un bruit blanc » comme disent les spécialistes, des coups de marteau, assez rapprochés, mais aléatoires, d'intensités, de tonalités différentes. Vous allez vite trouver cela insupportable. Impossible d'intégrer ces impulsions sonores à un schéma routinier et plus rassurant, souvent, qu'un silence total.
Dans votre chez-soi, le courant électrique arrive tranquillement avec son train d'ondes bien normalisé , oscillant cinquante fois par seconde autour de la valeur zéro, les ondes électriques, et les ondes magnétiques associées placées à 90° de celles-ci. Sauf si ce sont des ondes particulièrement fortes comme dans les réseaux haute et très haute tensions, qui peuvent vous brûler par leur simple présence sans contact, cela ne vous fera rien.
Et puis arrive le CPL. « Ne vous dérangez pas, je viens juste relever le compteur », vous hèle-t-il en passant. Sauf qu'il vient au moins une fois par jour (en fait, malgré les dénégations des techniciens, il semble bien que ce soit toutes les dix minutes, selon ce qu'en disent des industriels à Bruxelles), et PING il annonce non un chiffre, mais DES chiffres, tous ceux de la vie de votre courant électrique depuis le dernier relevé. Il les annonce à son copain le concentrateur, qui fait le guet un peu plus loin au bord de la rue, et retransmet par téléphone portable (c'est l'équivalent) les données à Big Brother plus loin encore.
Malheureusement, le CPL se rit des murs. Il s'infiltre dans les deux sens, vers le concentrateur certes, mais aussi dans l'autre sens vers votre frigo, PING, votre lave-vaisselle en pleine charge, PING, vous qui repassez le linge, PING, la veilleuse qui observe le bébé dans la chambre du fond, PING, et le bébé qui est à moins d'un mètre souvent, PING...
Il faut dire que le corps des animaux, et en particulier des humains, est une machine bien délicate, plus qu'un grille-pain probablement. Or, déjà, on ne compte pas le nombre de lave-linges et d'autres appareils qui ont connu le trépas depuis l'arrivée de mini-CPL, la petite souris qui discute avec son pote le concentrateur du bout de la rue. Alors, vous pensez, les humains...
Ce ne serait encore rien : le compteur de votre voisin s'y met à son tour, car ils ne le font pas tous à la fois, ce serait une cacophonie. Puis celui du voisin du quatrième, celui d'un autre voisin dans un autre escalier, PING, PING, PING... tout le quartier proche « sonne » chez vous ainsi, nuit et jour, de façon aléatoire, PING, PING, PING.... AU SECOURS clame le frigo, au secours se lamente la machine à laver, au secours hurle le bébé qui se réveille et ne comprend pas...
« Mais vous savez, le CPL, ce sont juste de petites impulsions », tentent de répondre les techniciens et les ingénieurs. Oui, bien sûr, petites, mais qui interfèrent avec tout le reste parce que justement ce sont des impulsions qui arrivent comme des cheveux sales sur la soupe, renforcent une harmonique, en créent une autre ou encore des dysharmonies, avec de vraies pointes et des creux : un vrai bazar s'installe ainsi et pourrit la vie.
Ah le marteau, qui brame au fond des bois dont je me chauffe, et fait fuir toute tranquillité !
(à noter que là, nous n'avons parlé que du CPL, car notre ami Linky a encore bien d'autres choses passionnantes à (ne pas?) vous révéler)
Une illustration qui vaut ce qu'elle vaut, est proposée en accès libre par Next-Up, elle est ici :
http://videos2.next-up.org/Linky_reprenez_votre_pouvoir.html
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