Refus
des compteurs Linky par les
communes
: le point juridique
Condamnations
ou pas, risques juridiques et financiers, rôle
partisan
de l'AFP et de l'Association des maires de France...
Au
moment où nous écrivons ces lignes, environ 300 communes en
France ont pris des délibérations contre le déploiement des
compteurs communicants, à commencer par le fameux Linky. La
plupart ont vu leurs délibérations attaquées en justice
administrative par Enedis et/ou les préfets. Beaucoup
d'informations fausses circulent à propos de ces procédures, voici
les réponses aux questions que vous vous posez probablement.
Est-il
vrai que « les préfets annulent les délibérations municipales
anti-Linky » ?
NON
: Le préfet, tout comme Enedis, peut seulement
faire un «recours gracieux», c'est-à-dire demander à la
commune de bien vouloir retirer sa délibération. Mais la commune
n’est absolument pas obligée d’obtempérer. Il lui suffit de
répondre, sans même avoir besoin de donner plus d'explications,
qu’elle n’a pas la même analyse et que, de fait, elle maintient
sa délibération. Le préfet ou Enedis peuvent ensuite saisir le
Tribunal administratif pour essayer de faire annuler la délibération
municipale, sans garantie de succès.
Est-il
vrai que les communes qui ont pris des délibérations anti-Linky
sont « poursuivies en justice
» ou « se retrouvent avec des procès sur le dos » ?
NON
: ces formules sont délibérément utilisées pour intimider les
élus locaux, mais on ne peut pas comparer
une procédure en justice administrative contre une délibération
municipale avec le fait d'être « poursuivi en justice » comme
des criminels ou des gangsters. Il arrive toutes les semaines en
France que des délibérations municipales soient contestées en
justice administrative (par le préfet, par une entreprise, par un
administré, etc), cela n'a rien d'exceptionnel ou de grave. Les
maires et autres élus municipaux n'iront pas aux galères !
La
commune doit-elle lancer une procédure au Tribunal administratif
pour maintenir sa délibération ?
NON
: la commune n'a rien à faire, ce sont les plaignants, le Préfet ou
Enedis, qui doivent saisir le Tribunal
administratif s'ils veulent essayer de faire annuler la délibération
municipale.
Est-il
vrai que des délibérations municipales « anti-Linky » ont été
annulées par les Tribunaux administratifs
?
NON.
Plusieurs délibérations ont été visées par des procédures en
référé (*) qui donnent lieu à des jugements provisoires en
attendant les vrais jugements, sur le fond mais, du fait des délais
de la justice, ces jugements ne sont pas attendus avant fin 2017. La
plupart des communes n'ont pas reçu de référé mais directement
les documents pour la procédure sur le fond.
Est-il
vrai que les communes qui ont pris des
délibérations municipales sont condamnées financièrement ?
NON
(sauf à Bordeaux) : à chaque procédure en référé, Enedis
demande au Tribunal administratif une
pénalité de 4000 euros pour « punir » les communes anti-Linky et
dissuader les autres de prendre à leur tour des délibérations.
Cela démontre que Enedis et son programme Linky n'ont que mépris
pour la démocratie locale, les élus municipaux et les habitants.
Heureusement,
dans la quasi totalité des cas, les Tribunaux administratif refusent
de condamner les communes à verser de l'argent à Enedis… sauf au
Tribunal administratif de Bordeaux, ou Enedis semble faire la loi :
deux petites communes du Périgord ont été condamnées à payer
1200 euros à Enedis. Cependant, une souscription solidaire a permis
de rassembler bien plus que ces sommes.
Notons
que l'AFP a édité une dépêche insistant lourdement sur cette
condamnation, de même que l'Association des maires de France
(Maire-info) qui l'a immédiatement fait savoir à toutes les
communes de France, mais ces deux structures partisanes se sont bien
gardées de dire qu'il s'agissait seulement d'un jugement provisoire
et que la souscription avait plus que remboursé ces pénalités.
Les
procédures en référé (urgence) sont-elles justifiées ?
NON
: comment justifier ces procédures en référé contre des communes
où la pose des Linky est prévue en 2019 ou 2020 ? La procédure sur
le fond aboutira en 2017 ou dans le pire des cas début 2018,
pourquoi donc juger ces communes en urgence ?
On
note d'ailleurs que ce sont de toutes petites communes qui sont
poursuivies en référé : elles ont donc été soigneusement
choisies par Enedis pour leur vulnérabilité, ce qui confirme que
cette entreprise agit désormais comme les pires multinationales.
Il
y a là une véritable instrumentalisation de la justice
administrative par Enedis et il est incompréhensible que des juges
administratifs acceptent d'être ainsi utilisés : en toute logique,
ils devraient débouter Enedis en référé et renvoyer l'affaire à
la procédure de fond.
Les
communes qui ont délégué leur compétence à un
Syndicat départemental d'énergie peuvent-elles prendre une
délibération « anti-Linky » ?
OUI
: le « camp du Linky » (Enedis, les préfets, les
présidents de syndicats départementaux d'énergie,
l'Association des maires de France, etc) prétend que la commune n'a
plus son mot à dire et même que les compteurs d'électricité ne
lui appartiennent plus (**)... alors qu'il n'y a pas eu de vente ou
de transfert !
Ces affirmations en forme d'intimidation
méritent donc d'être expertisées juridiquement, et il faudra
attendre les jugements sur le
fond, fin 2017 ou début 2018, pour en avoir le cœur net. De fait,
d'ici là, toute commune peut sans crainte prendre la
position qu'elle souhaite, sans se laisser intimider par les «
autorités » et l'industriel Enedis.
**********************
(*)
Référé et déféré ?
Tout
comme les médecins du temps de Molière parlaient latin pour laisser
les patients dans l'ignorance, la justice
n'a pas son pareil pour embrouiller les citoyens avec des termes
obscurs et, qui plus est, très proches.
Ainsi,
la plupart des communes reçoivent un DÉFÉRÉ pour une procédure
sur le fond contre la délibération anti-Linky.
Mais certaines sont aussi attaquées en RÉFÉRÉ : c'est une
procédure d'urgence qui aboutit à un jugement
provisoire dans l'attente du jugement sur le fond. Déféré ou
référé, faites bien attention aux termes présents
sur les documents que vous recevez.
(**)
Pour mémoire, depuis le 1 janvier 2005 - date de scission d'EDF en
plusieurs entreprises : EDF SA, RTE,
Enedis (auparavant ErDF) - les compteurs d'électricité
appartiennent à la commune : pas seulement ceux
des bâtiments communaux, TOUS les compteurs d'électricité présents
dans la commune.
Les communes ne peuvent manquer d'arguments.
RépondreSupprimerle décret 2010-1022 du 31 aout 2010 rend obligatoire la mise en œuvre des compteurs communicants par les gestionnaires de réseaux électriques. Certes.
Or ce décret 2010-1022 a été abrogé par le nouveau décret 2015-1823 du 30 décembre 2015. Je ne vois pas trace d'un nouveau décret. Sommes-nous là sur une faille juridique ? Je ne suis pas juriste, alors....
Alors? serions extrêmement intéressés par une réponse rapide, svp
RépondreSupprimerNous avons discuté de tout cella vendredi soir, au cours d'une réunion-débat à Bouguenais près de Nantes.
SupprimerMalgré les menaces, les maires peuvent parfaitement prendre des arrêtés interdisant le déploiement pendant un certain temps (par exemple jusqu'au 31 décembre 2021). Sur le site de Stéphane Lhomme vous avez des modèles pour ces interventions. Il est venu récemment dans votre ville. Vous le connaissez sans doute.
Pour le droit de refuser, je rappelle la vidéo où Philippe Monloubou, président d'ENEDIS, avoue devant une commission parlementaire (le détail a du poids) qu'il ne peut pas obliger quelqu'un à recevoir le compteur. Il faut rappeler que la loi oblige ENEDIS à déployer les Linky, mais elle n'oblige pas les citoyens à l'accepter. Les intimidations, les menaces ne sont que cela.
J'espère avoir satisfait au moins en partie vos questions. Cordialement
Jean-Claude
Je vous prie de m'excuser, je pensais à Parthenay tout court, où Stéphane Lhomme est venu ces jours-ci. Son adresse de site est :
Supprimerhttp://refus.linky.gazpar.free.fr/