Linky : l’UFC-Que
choisir a
organisé sa propre corruption
et trahi les consommateurs
organisé sa propre corruption
et trahi les consommateurs
C’était un mystère depuis des mois :
tout en reconnaissant que les compteurs communicants Linky
n’allaient pas permettre aux usagers de faire des économies et, au contraire, augmenter les factures
pour beaucoup d’entre eux, les dirigeants de l’UFC-Que choisir n’en tiraient
jamais la seule conclusion possible pour une association de consommateurs, à
savoir contester le déploiement de ces compteurs.
Dans un premier temps pourtant, dans un
article publié le 2 décembre 2015 (1) sous la plume d’Élisabeth Chesnais, explicitement titré
« Linky : l’intérêt des
consommateurs à la trappe », l’UFC ne mâchait pas ses mots à
l’encontre du programme d’Enedis (ex-ErDF) :
« Linky va alourdir la facture d’électricité des ménages. D’abord parce que même
s’il n’apparaît pas en tant que tel et qu’ERDF assure pouvoir le financer par
des gains de productivité, son coût pourrait finalement y être intégré via le
tarif d’acheminement de l’électricité. Surtout parce que d’après une étude
menée par l’UFC-Que Choisir sur un panel de consommateurs, 37 % des
ménages consomment au-delà de leur puissance d’abonnement. Les compteurs
actuels supportent ces dépassements ponctuels sans disjoncter, Linky pas toujours. De nombreux usagers pourraient avoir à
souscrire à une puissance plus élevée, donc à un abonnement plus cher ! »
Mais, contrairement à certaines de ses
associations locales, la direction de l’UFC Que choisir a rapidement
« oublié » de s’opposer au programme Linky
et, pire, est étrangement venue au
secours d’Enedis, confrontée à une vague de
refus.
C’est ainsi que le dénommé Nicolas Mouchnino, chargé de mission énergie-environnement à l’UFC,
a été dépêché dans les médias pour y
prendre la place des vrais opposants et prétendre que « refuser la pose de Linky c’est courir le risque de voir son
électricité coupée ». Cette
menace, avancée par exemple sur France inter (2), dans Le Monde (3) et à
de nombreuses autres reprises, est tout à fait contestable mais, quand bien
même serait-elle exacte, elle aurait dû susciter la fureur de l’UFC.
Bien au contraire : obéissant
probablement à des consignes, Élisabeth Chesnais a
opéré un incroyable retournement par rapport à son article de décembre 2015. Le
2 mars 2016, elle assure (4) que « le
client ne peut pas s’opposer à l’installation du nouveau compteur » et
que « le refus du conseil municipal
(…) n’a pas de valeur juridique. ». Le 6 octobre 2016, elle brandit la
menace : « Un refus à vos risques et périls »
(5), pour le plus grand plaisir d’Enedis.
Mais aujourd’hui, le mystère n’en est plus
un : c’est pour ses propres
intérêts financiers, et non ceux des consommateurs, que la direction de
l’UFC Que Choisir fait le jeu du compteur Linky. Tout
est parti de l’opération « Energie moins chère ensemble »
(6) lancée par l’UFC en juin 2016 : il s’agit de sélectionner un
fournisseur d’électricité (ainsi que de gaz) s’engageant à offrir un tarif
avantageux aux consommateurs qui participent à l’opération de l’UFC.
Le lauréat, annoncé fin septembre, est le
fournisseur belge Lampiris. Jusque là, rien à dire.
Mais, en lisant attentivement les conditions de vente (7), on s’aperçoit
(article 20) que les membres de l’UFC
bénéficient d’un tarif préférentiel, ce qui pousse bien entendu les
consommateurs à adhérer à l’association.
Et, annexées au Conditions générales de vente de Lampiris,
on trouve les Dispositions générales
imposées par Enedis, parmi lesquelles on peut lire
que « Le client s’engage à (…)
garantir le libre accès d’ENEDIS aux dispositifs de comptage »,
c'est-à-dire aux compteurs.
Or, il est fondamental de savoir que, en
France, plus de la moitié des compteurs d’électricité sont situés dans les
logements, et qu’il s’agit d’un
des biais les plus efficaces pour refuser le compteur Linky :
qu’il soit propriétaire ou locataire, l’habitant a parfaitement le droit de
refuser à Enedis l’accès à son logement et donc la
pose du compteur Linky.
Tout s’explique : pour être en cohérence
avec sa propre mission de défense des consommateurs, il fallait que l’UFC
appelle à refuser la pose du compteur Linky, se
mettant alors en contradiction avec les dispositions générales d’Enedis. Il aurait
alors été impossible de mener à bien l’opération « Energie moins chère
ensemble »… qui permet de toute évidence à l’UFC de gagner de nombreux
adhérents.
La direction de l’UFC Que choisir semble donc
avoir organisé un nouveau genre de corruption, dans lequel c’est le corrupteur
qui est démarché et choisi par le corrompu, en l’occurrence l’UFC, qui trahit
au passage ses propres missions et, qui plus est, nuit au combat légitime des citoyens qui refusent le compteur Linky.
Ce mouvement de refus continue bien
heureusement à s’amplifier malgré la désinformation orchestrée par Enedis et ses alliés comme la direction de l’UFC-Que
Choisir. Des collectifs Stop-Linky naissent partout
en France et, au moment où nous écrivons, plus de 300 communes ont refusé le déploiement des compteurs
communicants…
Stéphane Lhomme
(1) https://www.quechoisir.org/actualite-compteur-linky-l-interet-des-consommateurs-a-la-trappe-n10811
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